L'histoire romanesque du Lai du loup-garou fut écrite au XIIIe siècle par Marie de France, première femme poète française, qui vivait à la cour d'Angleterre et dont la féerie des œuvres assura leur succès : la maîtresse d'un noble baron breton doutait de la fidélité de son époux, qui disparaissait trois nuits par semaine. Lorsqu'elle l'interrogea, il livra son secret. Frappé d'une malédiction, il était condamné à prendre régulièrement l'apparence d'un loup garou, ou bisclaravet en breton, et à vivre de sang et de violence. Il retrouvait forme humaine en réenfilant ses vêtements, mais devenait loup dès qu'il les ôtait.
Cette confession se révéla pour le moins imprudente. La baronne persuada un chevalier de la cour de dérober les vêtements de son mari au cours d'une de ses errances. Ce que fit le galant, obligeant ainsi le baron à demeurer à tout jamais prisonnier de la forêt.
S'étant déclarée veuve, la baronne épousa son complice. Tous deux auraient sans doute coulé des jours heureux si le roi de Bretagne n'avait rencontré le loup-garou. Cerné et blessé par les chiens, le baron sut saisir une dernière chance. Serrant l'étrier du roi entre ses pattes, il lécha la botte de son ancien maître. Stupéfait, le roi ramena à la cour cette bête extraordinaire et en fit son animal favori, imposant à tous de le traiter avec respect. Empli de gratitude, le loup adopta une conduite modèle.
Sur ces entrefaites, le chevalier se présenta au château. Généralement docile, le loup-garou reconnut le traître et l'attaqua soudain, l'obligeant à quitter les lieux. Par la suite, le roi, accompagné du loup, rendit visite à la baronne infidèle. Se jetant sur elle, l'animal lui arracha le bout du nez. La vérité se fit jour alors. La baronne confessa son crime et restitua les vêtements de son mari, permettant ainsi à ce dernier de retrouver sa forme humaine. En châtiment de leur trahison, la baronne et son chevalier furent condamnés à l'exil.