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| | Poeme de Baudelaire | |
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+2Dame Claudia Mademoiselle Kristina 6 participants | Auteur | Message |
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Mademoiselle Kristina Créature Sâge
Nombre de messages : 1436 Age : 40 Localisation : loin de toi Date d'inscription : 29/03/2007
| Sujet: Poeme de Baudelaire Ven 13 Avr - 22:47 | |
| Quelques poeme de Charles Baudelaire que j'aime lire et relire ... Harmonie du soir
Voici venir les temps ou vibrant sur sa tige Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir Valse mélancolique et langoureux vertige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige Valse mélancolique et langoureux vertige Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir
Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige Un coeur tendre qui hait le néant vaste et noir Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige
Un coeur tendre qui hait le néant vaste et noir Du passé lumineux recueille tout vestige Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir
Charles Baudelaire (1821- 1867) Invitation au Voyage
Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur, D'aller là-bas, vivre ensemble! Aimer à loisir, Aimer et mourir, Au pays qui te ressemble! Les soleils mouillés, De ces ciels brouillés, Pour mon esprit ont les charmes, Si mystérieux, De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l'ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait A l'âme en secret Sa douce langue natale.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l'humeur est vagabonde; C'est pour assouvir Ton moindre désir Qu'ils viennent du bout du monde. Les soleils couchants Revêtent les champs Les canaux, la ville entière D'hyacinthe et d'or; Le monde s'endort Dans une chaude lumière
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
Charles Baudelaire (1821- 1867) Femmes damnées - Delphine et Hippolyte À la pâle clarté des lampes languissantes, Sur de profonds coussins tout imprégnés d'odeur, Hippolyte rêvait aux caresses puissantes Qui levaient le rideau de sa jeune candeur. Elle cherchait, d'un oeil troublé par la tempête, De sa naïveté le ciel déjà lointain, Ainsi qu'un voyageur qui retourne la tête Vers les horizons bleus dépassés le matin. De ses yeux amortis les paresseuses larmes, L'air brisé, la stupeur, la morne volupté, Ses bras vaincus, jetés comme de vaines armes, Tout servait, tout parait sa fragile beauté. Étendue à ses pieds, calme et pleine de joie, Delphine la couvait avec des yeux ardents, Comme un animal fort qui surveille une proie, Après l'avoir d'abord marquée avec les dents. Beauté forte à genoux devant la beauté frêle, Superbe, elle humait voluptueusement Le vin de son triomphe, et s'allongeait vers elle, Comme pour recueillir un doux remercîment. Elle cherchait dans l'oeil de sa pâle victime Le cantique muet que chante le plaisir, Et cette gratitude infinie et sublime Qui sort de la paupière ainsi qu'un long soupir. - « Hippolyte, cher coeur, que dis-tu de ces choses ? Comprends-tu maintenant qu'il ne faut pas offrir L'holocauste sacré de tes premières roses Aux souffles violents qui pourraient les flétrir ? Mes baisers sont légers comme ces éphémères Qui caressent le soir les grands lacs transparents, Et ceux de ton amant creuseront leurs ornières Comme des chariots ou des socs déchirants ; Ils passeront sur toi comme un lourd attelage De chevaux et de boeufs aux sabots sans pitié... Hippolyte, ô ma soeur ! tourne donc ton visage, Toi, mon âme et mon coeur, mon tout et ma moitié, Tourne vers moi tes yeux pleins d'azur et d'étoiles ! Pour un de ces regards charmants, baume divin, Des plaisirs plus obscurs je lèverai les voiles Et je t'endormirai dans un rêve sans fin ! » Mais Hippolyte alors, levant sa jeune tête : - « Je ne suis point ingrate et ne me repens pas, Ma Delphine, je souffre et je suis inquiète, Comme après un nocturne et terrible repas. Je sens fondre sur moi de lourdes épouvantes Et de noirs bataillons de fantômes épars, Qui veulent me conduire en des routes mouvantes Qu'un horizon sanglant ferme de toutes parts. Avons-nous donc commis une action étrange ? Explique, si tu peux, mon trouble et mon effroi : Je frissonne de peur quand tu me dis : « Mon ange ! » Et cependant je sens ma bouche aller vers toi. Ne me regarde pas ainsi, toi, ma pensée ! Toi que j'aime à jamais, ma soeur d'élection, Quand même tu serais une embûche dressée Et le commencement de ma perdition ! » Delphine secouant sa crinière tragique, Et comme trépignant sur le trépied de fer, L'oeil fatal, répondit d'une voix despotique : - « Qui donc devant l'amour ose parler d'enfer ? Maudit soit à jamais le rêveur inutile Qui voulut le premier, dans sa stupidité, S'éprenant d'un problème insoluble et stérile, Aux choses de l'amour mêler l'honnêteté ! Celui qui veut unir dans un accord mystique L'ombre avec la chaleur, la nuit avec le jour, Ne chauffera jamais son corps paralytique À ce rouge soleil que l'on nomme l'amour ! Va, si tu veux, chercher un fiancé stupide ; Cours offrir un coeur vierge à ses cruels baisers ; Et, pleine de remords et d'horreur, et livide, Tu me rapporteras tes seins stigmatisés... On ne peut ici-bas contenter qu'un seul maître ! » Mais l'enfant, épanchant une immense douleur, Cria soudain : « Je sens s'élargir dans mon être Un abîme béant ; cet abîme est mon coeur ! Brûlant comme un volcan, profond comme le vide ! Rien ne rassasiera ce monstre gémissant Et ne rafraîchira la soif de l'Euménide Qui, la torche à la main, le brûle jusqu'au sang. Que nos rideaux fermés nous séparent du monde, Et que la lassitude amène le repos ! Je veux m'anéantir dans ta gorge profonde Et trouver sur ton sein la fraîcheur des tombeaux ! » - Descendez, descendez, lamentables victimes, Descendez le chemin de l'enfer éternel ! Plongez au plus profond du gouffre, où tous les crimes, Flagellés par un vent qui ne vient pas du ciel, Bouillonnent pêle-mêle avec un bruit d'orage. Ombres folles, courez au but de vos désirs ; Jamais vous ne pourrez assouvir votre rage, Et votre châtiment naîtra de vos plaisirs. Jamais un rayon frais n'éclaira vos cavernes ; Par les fentes des murs des miasmes fiévreux Filtrent en s'enflammant ainsi que des lanternes Et pénètrent vos corps de leurs parfums affreux. L'âpre stérilité de votre jouissance Altère votre soif et roidit votre peau, Et le vent furibond de la concupiscence Fait claquer votre chair ainsi qu'un vieux drapeau. Loin des peuples vivants, errantes, condamnées, À travers les déserts courez comme les loups ; Faites votre destin, âmes désordonnées, Et fuyez l'infini que vous portez en vous !
Charles Baudelaire (1821- 1867) | |
| | | Dame Claudia Créature confirmée
Nombre de messages : 261 Age : 39 Localisation : Résurection Date d'inscription : 10/04/2007
| Sujet: Re: Poeme de Baudelaire Sam 14 Avr - 8:08 | |
| Les Femmes Damnées est vraiment mon préféré!!! décidément Chère Damoiselle Christina nous avons beaucoup de points communs...
Voici l'autre que j'aime beaucoup:
Les Litanies de Satan...
O toi, le plus savant et le plus beau des Anges, Dieu trahi par le sort et privé de louanges, O Satan, prends pitié de ma longue misère ! O Prince de l'exil, à qui l'on a fait tort Et qui, vaincu, toujours te redresses plus fort, O Satan, prends pitié de ma longue misère ! Toi qui sais tout, grand roi des choses souterraines, Guérisseur familier des angoisses humaines, O Satan, prends pitié de ma longue misère ! Toi qui, même aux lépreux, aux parias maudits, Enseignes par l'amour le goût du Paradis, O Satan, prends pitié de ma longue misère ! O toi qui de la Mort, ta vieille et forte amante, Engendras l'Espérance, – une folle charmante ! O Satan, prends pitié de ma longue misère ! Toi qui fais au proscrit ce regard calme et haut Qui damne tout un peuple autour d'un échafaud, O Satan, prends pitié de ma longue misère ! Toi qui sais en quels coins des terres envieuses Le Dieu jaloux cacha les pierres précieuses, O Satan, prends pitié de ma longue misère ! Toi dont l'œil clair connaît les profonds arsenaux Où dort enseveli le peuple des métaux, O Satan, prends pitié de ma longue misère ! Toi dont la large main cache les précipices Au somnambule errant au bord des édifices, O Satan, prends pitié de ma longue misère ! Toi qui, magiquement, assouplis les vieux os De l'ivrogne attardé foulé par les chevaux, O Satan, prends pitié de ma longue misère ! Toi qui, pour consoler l'homme frêle qui souffre, Nous appris à mêler le salpêtre et le soufre, O Satan, prends pitié de ma longue misère ! Toi qui poses ta marque, ô complice subtil, Sur le front du Crésus impitoyable et vil, O Satan, prends pitié de ma longue misère ! Toi qui mets dans les yeux et dans le cœur des filles Le culte de la plaie et l'amour des guenilles, O Satan, prends pitié de ma longue misère ! Bâton des exilés, lampe des inventeurs, Confesseur des pendus et des conspirateurs, O Satan, prends pitié de ma longue misère ! Père adoptif de ceux qu'en sa noire colère Du paradis terrestre a chassés Dieu le Père, O Satan, prends pitié de ma longue misère !
Prière
Gloire et louange à toi, Satan, dans les hauteurs Du Ciel, où tu régnas, et dans les profondeurs De l'Enfer, où, vaincu, tu rêves en silence ! Fais que mon âme un jour, sous l'Arbre de Science, Près de toi se repose, à l'heure où sur ton front Comme un Temple nouveau ses rameaux s'épandront !
Révolte, CXX | |
| | | MaDMaC Admin
Nombre de messages : 4657 Age : 150 Localisation : Là où personne ne me trouvera... Date d'inscription : 08/06/2006
| Sujet: Re: Poeme de Baudelaire Mar 17 Avr - 21:31 | |
| Je suis tombé sous le charme Miss Claudia, j'avais déjà prier le tout puissant, mais point de cette manière... Je l'apprendrai par coeur, histoire de ne point l'oublier. Merci pour ce texte... Damoiselle Kristina, je reste bouche bée face à tant de bon gout ... J'adore Beaudelaire, j'ai eu mon Bac grace à lui Mesdame, j'apprécie beaucoup vos contributions... Ne vous privez pas, vous êtes ici pour vous exprimer :diable: | |
| | | Mademoiselle Kristina Créature Sâge
Nombre de messages : 1436 Age : 40 Localisation : loin de toi Date d'inscription : 29/03/2007
| Sujet: Re: Poeme de Baudelaire Jeu 19 Avr - 23:03 | |
| La mort des amants
Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères, Des divans profonds comme des tombeaux, Et d'étranges fleurs sur des étagères, Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.
Usant à l'envi leurs chaleurs dernières, Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux, Qui réfléchiront leurs doubles lumières Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
Un soir fait de rose et de bleu mystique, Nous échangerons un éclair unique, Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux ;
Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes, Viendra ranimer, fidèle et joyeux, Les miroirs ternis et les flammes mortes. Charles BAUDELAIRE (1821-1867) (Recueil : Les fleurs du mal) | |
| | | lamidunami Créature interpelée
Nombre de messages : 39 Age : 34 Localisation : lieu de départ Date d'inscription : 20/04/2007
| Sujet: Re: Poeme de Baudelaire Lun 7 Mai - 22:12 | |
| je viens également de passer en ce jour méméorable un oral de francais fort réussi. le sujet bien sur ne vous est pas inconnu, Mr. charles Baudelaire avec "le serpent qui danse" . | |
| | | Yuna Créature Vétéran
Nombre de messages : 525 Age : 571 Localisation : Dans tes yeux... Date d'inscription : 10/04/2007
| | | | Mademoiselle Kristina Créature Sâge
Nombre de messages : 1436 Age : 40 Localisation : loin de toi Date d'inscription : 29/03/2007
| Sujet: Re: Poeme de Baudelaire Mar 8 Mai - 10:32 | |
| J'avais passer un controle avec baudelaire au lycée et il m'avait porter chance aussi ^^ Aussi quand on aime et qu'on s'y intéresse c'est plus facile ... :D | |
| | | Cemetery Créature Accro!
Nombre de messages : 330 Localisation : Quelque part dans l'air. Date d'inscription : 01/07/2009
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| Sujet: Re: Poeme de Baudelaire | |
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